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Le loup en France, historique et état des lieux
Le loup est un animal qui impressionne, très belle bête entourée de légendes, qui a bien failli disparaitre de l’Hexagone. Aimé, parfois détesté, le loup refait surface depuis un peu plus de 30 ans dans les Alpes du Sud ainsi que dans les Pyrénées, le Jura ou encore le Massif Central.
Pour en connaitre plus sur la situation actuelle du loup ainsi que son histoire, Koifaire.com a interviewé Hervé Boyac, vice-président de l’association FERUS, première association nationale pour la conservation du loup mais aussi du lynx et de l’ours en France.
Photo tirée de www.ferus.fr,©Anthony Kohler
Koifaire : Bonjour Mr Boyac, pourriez-vous nous présenter ce grand carnivore qu’est le loup ?
Hervé Boyac :
Qui est le loup : Le loup est un mammifère carnivore de la famille des canidés, laquelle comprend 14 espèces : chien viverrin, fennec, renard, lycaon,…
Dans le genre Canis compris dans cette famille, on trouve le loup, le chien domestique, le chacal, le coyote, le dingo.
Celui qui nous intéresse s’appelle loup gris européen. Son nom latin est : Canis Lupus Lupus.
Le loup présent en France pèse de 20 à 30 kg (femelle), et de 30 à 40 kg (mâle). Par sa robe, de loin le loup ressemble fortement à un chien type berger Allemand. De près on s’aperçoit, entre autres distinguos, que les membres sont plus allongés que chez le chien, et que la tête est plus forte.
Comment fonctionne le loup : Le loup est un animal grégaire qui vit en meute. En France celle-ci comprend de 3 à 5 individus, auxquels s’ajoutent les jeunes de l’année après naissance (au mois de mai à juin).
Son mode de vie sociale lui permet de vivre dans des milieux hostiles, de pouvoir attraper de grosses proies, et d’élever plus facilement l’unique portée annuelle éventuelle de la meute, mise bas par la femelle dominante.
Les différentes espèces de loups : Outre le loup européen, pour faire simple on peut citer : le loup du Canada, le loup arctique, le loup de Mongolie, le loup rouge, le loup d’Abyssinie,… A noter que notre loup gris comprend lui-même plusieurs sous espèces : le loup d’Espagne, le loup de Pologne, le loup Tchèque, ….
Les espèces que l’on retrouve en France : Pour le moment on trouve que le loup gris européen en France : il provient de l’Italie voisine. Peut-être un jour d’autres espèces de loups feront leur apparition : loup Ibérique d’Espagne (un peu plus petit que le nôtre), ou loup de Pologne (plus gros que notre loup). Au 18ême les loups français étaient plus gros qu’aujourd’hui, c’est donc qu’ils descendaient de loups d’Europe de l’Est.
Photos tirées de www.ferus.fr, ©Sylvain-Macchi
Koifaire : Quelle est aujourd’hui la présence du loup en France ?
Hervé Boyac :
Nombre de loups recensés en France : A ce jour on peut tabler sur une population de 200 à 250 loups, répartis en 18 Zones de Présence Permanente (ZPP) dont 14 avec reproduction. Le restant des loups, non détecté géographiquement avec précision est constitué de loups erratiques en dispersion (un individu seul, ou deux individus, souvent des sub-adultes).
Lieux où peuvent être observés les loups : Koifaire : Il existe de nombreux parcs de vision présentant des loups en captivité : parc du Gévaudan dans le 48, parc Alpha dans le 06, parc d’Orlu dans le 09, parc de Guerret dans le 23, parc de Sainte Croix dans le 57,…
Pour tenter de voir des loups à l’état sauvage il faut se rendre dans le Parc National du Mercantour par exemple. Mais pour les apercevoir il faudra être patient et persévérant durant de longues sorties, de préférence à l’aube ou au crépuscule, le loup étant un animal discret et craintif.
La présence du loup en France Depuis son arrivé en 1992, ou il n’y avait à priori qu’un couple, la population a depuis considérablement augmentée pour atteindre le nombre cité ci-dessus.
Mais à raison d’un accroissement de population de 20 % par an, et en l’absence de braconnage leur nombre serait plus élevé, peut-être 300 ou 400 ?
Photo tirée de www.ferus.fr, Traces de loup ©V.Vignon
Koifaire : Est-ce une espèce en voie de disparition ?
Hervé Boyac : Le loup n’est pas en voie de disparition ni en France, ni en Europe. Ceci dit il y avait 20 000 loups en France au 18ème siècle, il a donc fortement régressé. Par ailleurs le loup est menacé dans certaines régions du monde, en raison de braconnages et de la raréfaction de ses proies. On peut considérer qu’une espèce est en voie de disparition dès lors que l’on ne la voit plus, qu’on ne trouve plus d’indices de sa présence, ou que très rarement.
Koifaire : Quelques mots sur la persécution du loup au fil des siècles ?
Hervé Boyac : Le loup a été pourchassé dans de nombreux pays du monde, soit pour s’approprier sa fourrure, soit pour toucher une prime à la destruction, soit pour éliminer un prédateur, soit par simple jeu.
En France la haine à son encontre a été poussée jusqu’à son extermination. Le monarchisme absolu et le cartésianisme rigoureux ont eu raison de l’espèce vers les années 1930 / 1940.
La rage était une maladie affreuse qui a tué des milliers d’hommes, or elle était transmise à l’homme essentiellement par le loup. On a donc traqué le loup sans merci, ne sachant que faire pour enrayer la maladie jusqu’au vaccin de Pasteur en 1885.
Photos tirées de www.ferus.fr, ©Sylvain-Macchi
Koifaire : Aujourd’hui, quelle est la loi en France par rapport aux loups ?
Hervé Boyac : Il existe en fait plusieurs textes protégeant le loup :
– Le loup est protégé par la convention de Berne pour les pays membres du Conseil de l’Europe (1979). Cette convention a été transcrite dans le droit français en 1989.
– La directive Habitats (1992) l’a également inscrit dans les espèces particulièrement protégées de l’Union européenne (sauf quelques populations importantes dans certains pays, notamment près de la France, le nord de l’Espagne).
– Le loup est aussi protégé par la loi française par l’arrêté ministériel du 22 juillet 1993 publié à la suite des premières observations attestées du loup en France.
Il est interdit de tuer un loup sous peine de poursuites pénales. De même il est interdit d’en détenir un chez soi, sans une autorisation spéciale, laquelle est délivrée aux personnes qui possèdent une capacité à cet effet.
Existe-t-il des pressions pour faire changer cette loi, pour une loi en réelle défaveur vis-à-vis des loups ?
Hervé Boyac : On pourrait sans doute avoir une législation plus spécifique pour protéger le loup. Mais ce qu’il faudrait surtout c’est disposer d’une garderie plus présente sur le terrain afin de limiter les actes de braconnage.
Et dès lors qu’un cas de braconnage est avéré il faudrait disposer d’une justice plus efficace et plus sévère pour punir de tels débordements.
Bien sur les opposants à l’animal ne cessent de faire pression pour demander des dérogations à ces lois et obtenir des autorisations de tuer des loups lorsqu’ils causent des dommages aux cheptels domestiques à la faune sauvage.
Les associations de protection doivent veiller au plus près, afin que ces dérogations soient pertinentes et justifiées.
Koifaire : Quelle est sa dangerosité par rapport à l’homme ?
Hervé Boyac : Il n’y a pas eu de cas d’attaque de loup sur un humain adulte et sain depuis bien longtemps dans le monde, songez qu’avec les médias actuels si cela arrivait on le saurait très rapidement. Mais la peur du loup persiste chez une bonne partie des citadins.
Les fables, contes, et histoires ont profondément entaché la réputation du loup en faisant peur aux enfants. Par ailleurs les manuels scolaires ont également véhiculé la haine du loup durant plus d’un siècle. De nos jours encore, le loup est rarement gentil dans les représentations théâtrales devant les enfants.
Koifaire : Quelles actions existent -il pour les préserver ?
Hervé Boyac : Outre les mesures de protections officielles mises en place citées plus haut, la « protection » du loup est aussi assurée par diverses associations, qu’elles soient généralistes ou spécialisées.
Ces associations organisent des réunions, sorties de terrain, colloques, conférences, séjours thématiques, stands,… sur le thème du loup. Ainsi elles contribuent à sensibiliser le grand public à la biologie du loup, ses meurs, et son mode de fonctionnement.
Bien sur le loup est protégé dans les espaces eux-mêmes protégés tels que les Parcs nationaux, les réserves,…
Photo www.ferus.fr, Une louve capturée dans le Mercantour, mars 2010, ©Gérard Millischer
Koifaire : Pourquoi faut-il le préserver ?
Hervé Boyac : Le loup fait partie de la nature, comme toutes les autres espèces, comme l’homme. Le protéger c’est aussi protéger ses biotopes, ses proies. Au final en protégeant le loup, comme toute autre espèce, c’est s‘inscrire dans une démarche pacifique et durable. Nous n’avons pas le droit de faire disparaitre une espèce, elle ne nous appartient pas : elle appartient à la création, à l’humanité.
Koifaire : Souhaiteriez-vous ajouter un mot à nos internautes ?
Hervé boyac : Participez à la protection du loup, et plus largement à la protection de la nature toute entière. Vous en sortirez grandis et fiers de votre implication pour l’avenir de notre environnement, celui que nous laisserons à nos enfants.
Un grand merci à Hervé Boyac, ainsi qu’à l’association FERUS pour nous avoir éclairés sur la situation actuelle du loup en France.
Si vous souhaitez soutenir l’association FERUS : cliquez ici
Pour en savoir , nous vous conseillons également les deux ouvrages de la Bête du Gevaudan, écrit par Hervé Boyac, et qui disculpent sans ambiguïté le loup de cette affaire sordide.
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