Bien-être
L’art du tatouage : origines et finalités
Longtemps marginalisé, lorsqu’il n’était pas tout simplement interdit, le tatouage regagne, en France, depuis plusieurs décennies maintenant, ses lettres de noblesse. Aujourd’hui, les artistes tatoueurs s’organisent autour d’un syndicat national professionnel afin de faire reconnaitre leurs professions et d’imposer des règles d’hygiène drastiques.
Le tatouage, entre étymologie et légende
Le mot « tatouage » provient de l’expression polynésienne « ta-atouas » dont la traduction en français correspond à « marque des esprits, des dieux ». Selon une légende Maori, ce serait un jeune guerrier, Mataora, qui aurait rapporté dans le monde humain l’art du tatouage. Mataora serait tombé amoureux d’une princesse, Niwareka, du monde des esprits qu’il épousât.
Mais, jaloux, le guerrier frappa sa femme qui s’enfuit rejoindre son père dans le monde du dessous. Mataora se couvrit des peintures protectrices Maori avant de partir à la recherche de sa femme. Après un long parcours semé d’embûches et d’épreuves, il parvint au royaume de Rarohenga, mais ses tatouages magiques s’étaient effacés. Le roi lui enseigna alors l’art du tatouage définitif, et le renvoya dans le monde des humains pour y pratiquer son art…
Cependant, il existe des preuves beaucoup plus anciennes de la pratique du tatouage.
Ötzi, et les autres !
En 1991, un couple de randonneurs découvre fortuitement, à 3200m d’altitude, dans les Alpes autrichiennes, un corps humain momifié et parfaitement conservé. Surnommé Ötzi, cet homme d’une cinquantaine d’années vécut aux alentours de 3400 av. J.-C.
La momie présente par ailleurs de nombreux tatouages, 57 au total. Ötzi arbore encore à l’heure actuelle les plus anciens tatouages néolithiques découverts en Europe.
En Egypte, plusieurs momies de femmes tatouées ont été découvertes près de Thèbes. Datées de 2500 ans av. J.-C, elles présentent des tatouages sur les bras et le torse, en forme de losanges, pointillés et traits. En 1961, au Soudan, c’est un archéologue français qui met au jour le corps d’un homme dont le visage est totalement tatoué, et dont le décès remonte au début de l’ère chrétienne.
En Asie, de nombreuses momies de type européen, tatouées de motifs animaux, sont datées de plus de 2000 ans av. J.-C ; leurs dessins ne sont pas sans rappeler ceux des hommes de Pazyryk et d’Ukok, découverts en Sibérie autour de 1920. Au Japon, si certaines statues de l’ère Jomon présentent des dessins s’apparentant au tatouage, aucun archéologue n’a jamais eu la possibilité d’en trouver une preuve.
Plus proches de nous, les Bretons, dès le 1er siècle après J.-C, arboraient de multiples marques corporelles : dessins d’animaux ou symboles magiques.
Le tatouage aux multiples finalités
Les premiers tatouages découverts laissent penser que ce marquage particulier avait pour fonction de soigner et d’éloigner les maladies. Un scanner d’Ötzi a ainsi permis de mettre en relation chaque tatouage de son corps avec des dommages osseux ou ligamentaires (arthrose, ostéoporose). Des études sur les momies égyptiennes et russes ont également montré que les tatouages se dessinaient sur les trajets des méridiens de l’acupuncture.
Pour plusieurs ethnies, le tatouage servait à se protéger contre les esprits et le mauvais oil. Il pouvait donner de la force et du courage aux guerriers, ou s’utilisait tout simplement pour signifier son appartenance à une tribu ou une famille.
Il constitue souvent un rite initiatique de passage (puberté, mariage, naissance), ou symbolise simplement les évènements marquants d’une vie.
Le tatouage, banni par la religion
Durant plusieurs siècles, le tatouage disparait presque totalement en Europe, et dans certaines parties du globe. En 787, une bulle pontificale émise par Adrien 1er vient interdire la pratique du tatouage. Cette interdiction se répand ensuite dans le monde via les missionnaires chrétiens qui punissent sévèrement les tribus pratiquant l’art du tatouage. Le tatouage ne concerne plus dès lors que les marginaux (voleurs, prostituées, mafias russe et japonaise, etc.) ou sert pour identifier des catégories de personnes, comme ce fut le cas des Juifs, des Tsiganes, ou des malades mentaux au cours du IIIe Reich.
A partir de 1770, le tatouage redevient un signe socialement acceptable, grâce aux marins notamment qui font de cet art un moyen de reconnaissance de leur profession. Malheureusement, cela ne dure pas, et dès 1860, il est à nouveau interdit pour « raison sanitaire »…
Il faudra attendre la première convention de tatoueurs, à Paris, en 1960, pour que le tatouage commence à véritablement se démocratiser jusqu’à devenir un véritable phénomène de mode pour certains…
Articles complémentaires :
– Les différents styles de tatouages
– Comment choisir son tatoueur?
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